Quel verre pour le Sauternes ?

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Ă€ Sauternes, la contradiction entre « Ancien et Moderne » est un sujet rĂ©current, qui rĂ©apparaĂ®t facilement en faveur des initiatives de telle ou telle propriĂ©tĂ© qui veulent secouer les habitudes de consommation des vins doux. Cette opposition des philosophies est invitĂ©e aujourd’hui dans les colonnes de Terre de Vins.

Alexandre de Lur Saluces, propriĂ©taire du Château de Fargues, ancien propriĂ©taire du Château d’Yquem et figure de proue d’une famille dĂ©diĂ©e Ă  la dĂ©fense des vins de Sauternes depuis des gĂ©nĂ©rations, a envoyĂ© une lettre ouverte Ă  la rĂ©daction de Terre de Vins intitulĂ©e « Qu’arrive-t-il Ă  Sauternes ? que nous reproduisons ci-dessous. Dans cette lettre, M. de Lur Saluces, sans le mentionner, appelle un « nouveau venu » du nom, accusĂ© de vouloir « amĂ©liorer » les sauternes « par diverses excuses : glaçons en verre, zeste d’orange ou de citron, eau pĂ©tillante etc. » Après la controverse que Sauternais avait dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e en 2015 lorsque le Château Bastor-Lamontagne voulait faire un cocktail avec Perrier, il n’est pas difficile de deviner que le destinataire prioritaire de la lettre de M. de Lur Saluces est Silvio Denz, propriĂ©taire du Château Lafaurie-Peyraguey, qui, avec son David Bolzan a lancĂ© en dĂ©cembre dernier une recette de vin chaud Ă  base de sauternes. DĂ©couvrez ci-dessous complètement la lettre d’Alexandre de Lur Saluces, suivie des commentaires des parties intĂ©ressĂ©es.

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Que se passe-t-il à Sauternes ?

Vous venez d’arriver dans cette appellation mythique, et c’est une bonne chose que cet intĂ©rĂŞt. Mais vous semblez convaincue qu’elle n’a pas d’avenir. Que ce vin appartient au passĂ©. Donc, vous voulez l’amĂ©liorer par diverses excuses : glaçons dans des verres, zeste d’orange ou de citron, eau pĂ©tillante etc…

Votre idĂ©e n’est pas nouvelle : dĂ©jĂ , avant la Première Guerre mondiale, ce vin Ă©tait confrontĂ© Ă  une crise que nous essayions de repousser par… « champagniser » le jus rĂ©coltĂ© au Sauternais. Entre les deux guerres, une autre solution est apparue : des cocktails qui Ă©taient frĂ©nĂ©tiques aux États-Unis. Ici aussi, l’Ă©chec et le tapis ! Donc vous savez ce qui va arriver Ă  votre expĂ©rience malgrĂ© tout le « oui, mais nous… »

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En rĂ©alitĂ©, vous n’avez pas trouvĂ© nĂ©cessaire d’apprendre l’histoire de Sauternes, vous ĂŞtes pressĂ©.

Avec un peu d’observation, vous saurez comment Yquem et les gens qui l’entourent, premier et deuxième crus de Sauternes, les prĂ©posters des XIXe et XXe siècles, ont choisi une politique de sĂ©lection extrĂŞmement rigoureuse pour produire le vin qui a pris le nom de cette commune. Puis cette façon très exigeante de rĂ©colte a inspirĂ© les dĂ©crets qui dĂ©finissent le nom dans lequel mon prĂ©dĂ©cesseur Ă  Yquem, Bertrand de Lur Saluces, alors prĂ©sident de l’Union des syndicats du vin de Sauternes et Barsac, avait travaillĂ©.

Ă€ ce titre, il a combattu toutes les dĂ©viations organisĂ©es pour contourner la rĂ©alitĂ© unique mais nĂ©cessaire, extravagante de la production du vin de Sauternes avec sa vendange par des tentatives successives. L’un des substituts qui ont Ă©tĂ© essayĂ©s il y a longtemps fut la chaptalisation que mon grand-père, fondateur de l’Union de Sauternes, puis mon oncle, ont combattu en la limitant, pour des raisons sociales, Ă  quelques vignobles non classĂ©s. L’utilisation de sucre ajoutĂ© Ă  la rĂ©colte avant la fermentation n’a jamais « amĂ©lioré » le vin, il banalise et rĂ©ductibilitĂ©. C’est interdit. C’est une grande chose qui va dans le sens de la qualitĂ©. D’autre part, avec le terme « mixologie » qui comprend des Ĺ“uvres d’art, vous avez vous-mĂŞme sur un chemin de garage avec de l’Ă©nergie qui sera terrible Ă  la rĂ©union du mur. Et votre rĂ©putation peut ĂŞtre atteinte.

Probablement vous avez pensĂ© Ă  un choc comme un « marketing » signifie secouer le consommateur. Je souhaite Bonne chance. Il n’est pas si stupide et ne peut pas ĂŞtre manipulĂ©. Il reviendra au vin original, rĂ©sultant du choix que Françoise-JosĂ©phine de Lur Saluces d’Yquem avait distinguĂ©. Elle a eu l’intuition de demander Ă  ses moissonneurs de sĂ©lectionner les raisins attaquĂ©s par la pourriture du champignon Botrytis cinerea. Ce parasite existe dans tous les vignobles du monde, mais Ă  Sauternes il permet d’obtenir un vin d’exception.

Elle a choisi la route la plus difficile, car c’est celle qui avait le plus d’avenir. Avec le vignoble voisin d’Yquem, elle prĂ©fĂ©rait la manière la plus difficile. Aujourd’hui, nous disons « innovant ». Plus de travail, moins de vin. La loi limite nos rendements Ă  25 hectolitres par hectare. Après avoir sĂ©lectionnĂ© les vignes les plus recherchĂ©es, n’atteignez jamais ce rendement Ă©quivalent Ă  3333 bouteilles (0.75l). par hectare. Pour obtenir la meilleure qualitĂ© qu’ils atteignent, dans le passĂ© ans, Ă  environ 17 hl/ha lorsque la nature et le temps sont gĂ©nĂ©reux ou 2266 bouteilles. Plus de 20 ans, au cours desquels toutes les catastrophes, le gel, la grĂŞle, la sĂ©cheresse, les maladies sont inventoriĂ©s, je dĂ©pose sur 1200 bouteilles avec 6500 pieds de vigne par hectare. Un verre par pied de vigne.

Votre argument est alors de dire que le prix de la moindre bouteille arrive Ă  un chiffre que les fans n’ont pas l’intention de payer.

Vous avez raison que notre vin est très cher Ă  produire. Comme une montre d’exception, bijou rare, caviar, eau au milieu du Sahara… Et il y a un autre obstacle que vos cocktails ne vous permettront pas de franchir. C’est un obstacle au commerce et un problème de promotion. C’est aussi un choix.

Votre entĂŞtement Ă  croire que Sauternes devrait ĂŞtre dĂ©gustĂ© avec des additifs pour l’amĂ©liorer pendant qu’il se dĂ©forme, serait mieux utilisĂ© pour promouvoir la vĂ©ritĂ© du vin de Sauternes, le vrai, l’authentique, l’original qui est très mauvais a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© ces dernières annĂ©es.

Il y a plus sĂ©rieux. Vos interventions mĂ©diatiques sont un camouflet pour tous ceux qui nous accompagnent dans leur coopĂ©ration dans nos vignobles et dans nos caves, qui vivent les Sauternes, qui vivent Ă  Sauternes, qui vivent dans le Sauternais. Il y a de l’arrogance en prĂ©tendant « amĂ©liorer » notre vin de Sauternes. Comment, par exemple, s’attendre de nos vignerons, nos moissonneurs Ă  investir dans un jet de jus sĂ©lectionnĂ© des presses avec tout le temps et le soin nĂ©cessaires s’ils soupçonnent que leur travail sera Ă©ventuellement utilisĂ© pour fabriquer du vin chaud pour calmer la toux hivernale.

Nos moissonneuses travaillent non seulement avec leurs muscles, mais aussi avec leur tête et leur cœur. Tant les consommateurs que les consommateurs ont le droit de respecter.

Un conseil : il vaut mieux Ă©couter les amateurs, les vrais, avant de savoir ce qu’ils ont Ă  offrir.

Il ne faut jamais oublier que Sauternes est nĂ© de l’enthousiasme de amateurs raffinĂ©s qui sont venus comme prĂ©curseurs de l’ère de l’Ĺ“notourisme, ont visitĂ© les caves et offert des prix très Ă©levĂ©s pour obtenir l’achat d’un baril de vin, accidentellement transformĂ© par l’action du Botrytis.

Le vin de Sauternes ne mĂ©rite aucune amĂ©lioration, mais une protection accordĂ©e aux tĂ©moins d’une civilisation.

Sauternes, un vignoble, diverses visions

Les rĂ©dacteurs de Terre de Vins trouvaient juste et Ă©quilibrĂ© d’interprĂ©ter aussi ses colonnes au peuple. David Bolzan, directeur des vignobles de Silvio Denz, nous a demandĂ© de publier une rĂ©ponse Ă  la lettre d’Alexandre de Lur Saluces. Outre M. Bolzan, d’autres personnalitĂ©s du Sauternais ont voulu participer au dĂ©bat : preuve que le nom Sauternes est croisĂ© par des points de vue diffĂ©rents, parfois diverses philosophies, mais surtout par des femmes et des hommes qui veulent faire vivre et briller ce vignoble historique. Le dĂ©bat est plus ouvert que jamais, et quand il est entre les gens, il invite d’abord Ă  parler de vins. En fin de compte, les amateurs et les consommateurs seront des juges.

Les grands vins de Sauternes multisĂ©culaires ont vĂ©cu de nombreux moments forts et ont toujours su relever les grands dĂ©fis collectifs. Le monde d’aujourd’hui pousse tout le monde Ă  se questionner, et Sauternes ne veut pas Ă©chapper Ă  la règle. Le Château Lafaurie-Peyraguey 1er Grand Cru ClassĂ© Sauternes, cĂ©lĂ©brĂ© son 400e anniversaire en 2018, a fait l’objet d’une impulsion sans prĂ©cĂ©dent grâce Ă  Silvio Denz, grand amoureux de la douce, qu’il a acquis en 2014. La recherche de l’Excellence a Ă©tĂ© immĂ©diate et lui donne plus que jamais une place de choix dans l’Ă©lite des grands vins. Après une grande investissements et rĂ©novations ont donnĂ© au Château, Ă©quipĂ© d’un hĂ´tel (Relais et Châteaux) et d’un restaurant correspondant Ă  la majestĂ© du lieu et Ă  son rang, Sauternes sa première table Ă©toile. Le restaurant allie le monde de l’art de la table et de la dĂ©coration Art DĂ©co grâce Ă  la cristallerie Lalique. Le restaurant est le seul endroit au monde oĂą vous pourrez dĂ©guster autant de vins de Sauternes et Barsac, classĂ©s et non classĂ©s, petits et vieux. Cette recherche de l’excellence a Ă©galement Ă©mergĂ© avec nos collègues. L’intoxication du collectif est une sensation qui galvanise et provoque l’action. C’est pourquoi nous avons participĂ© activement Ă  des groupes de dĂ©veloppement local en unissant nos forces avec nos voisins (Les 5 Premiers), une initiative sans prĂ©cĂ©dent dans l’histoire de Bordeaux. Mais aussi pour la rĂ©gion (ambassadeurs du Sauternais) ou Ă  la « Sauternes FĂŞte le vin », rendez-vous festif et populaire. Sauternes est sans aucun doute l’un des plus grands vins dans le monde, certainement le plus Ă©motionnel. Comme ses collègues, il doit trouver sa place dans notre mode de vie contemporain. Sans le point de secours du client. Comme ses arĂ´mes, il a la possibilitĂ© d’offrir de multiples facettes, de multiples possibilitĂ©s lorsqu’elles sont offertes au bon moment (fromages, viandes blanches, entrĂ©es sur mesure, etc.) et pas seulement sur le -toujours dĂ©licieux – foie gras et sur le dessert – souvent Ă  oublier -. Notre chef Ă©toilĂ© JĂ©rĂ´me Schilling a beaucoup travaillĂ© dans ce sens et propose un choix d’accords uniques de pet-sauternes au monde. Le temps passĂ© dans le tableau a chutĂ© très sensiblement en 20 ans. Alors, nous serons heureux de participer Ă  l’APÉRITIF, une nouvelle aire de jeux oĂą nous trouvons… du champagne, autrefois compagnon Ă  la fin du repas. Les Sauternes peuvent revendiquer une durĂ©e de vie lĂ©gendaire, mais tout le monde doit savoir que l’amateur impatient peut aussi en profiter… Que ce soit ivre, jeune, frais, très frais, battu pour accompagner tout type de nourriture bien pensĂ©e, salĂ©, amer ou Ă©picĂ©, tout en donnant la prĂ©fĂ©rence aux contrastes. Avec Sauternes, tout devient possible. Les procès de sorcellerie ont vĂ©cu. La tradition doit rester dans la bouteille et la modernitĂ© peut consister en des modes de consommation. Accepter les changements nous permettra de poursuivre nos valeurs, notre tradition. Par consĂ©quent, ne nous trompons pas en dĂ©battant ou en combattant.

Le temps de porter n’est pas la seule stratĂ©gie Ă  notre disposition.

C est Ă  nous d’imaginer, de crĂ©er, d’agir aux positions de posture. Les dirigeants doivent prendre leur statut. C’est un devoir. Dans le domaine de la vente et de la promotion, le commerce amateur Bordeaux de nos Grands Vins joue un rĂ´le essentiel… il faut comprendre et guider son fonctionnement, ses spĂ©cificitĂ©s… en le motivant. Sans lui, pas de salut. C’est lui qui nous a envoyĂ© encore et toujours aux consommateurs aujourd’hui conduira, jeunes et vieux, friands de bien et belle. Ce commerce bordelais nous aide Ă  construire nos marques chaque jour, autour de nos terroirs. La marque Terroir complète la marque Terroir parce qu’il s’agit de l’expansion contemporaine. Nous ne devons pas nous y opposer. Depuis 3 ans, plusieurs articles sur notre rĂ©gion Sauternes ont montrĂ© des noms tels que la Renaissance, la reconquĂŞte… Un vent de renouveau, bĂ©nĂ©fique et enveloppant, nous pousse Ă  nous unir. Travaillons ensemble, partageons nos idĂ©es et notre savoir-faire, regardons l’autre qu’il a le meilleur, sans le stigmatiser, et nous allons retrouver dans cette belle rĂ©gion et ses grands vins la dynamique due Ă  son rang. La Sainte Union est souhaitable Ă  Sauternes, notre rĂ©gion le mĂ©rite, nos acteurs l’exigent.

Trop doux ! Trop cher ! Je ne sais pas quand le goĂ»ter ou j’ai dĂ©couvert d’autres très cĂ©lèbres doux… il n’y a pas de manque d’excuses, donc nos Sauternes, mais si connu partout dans le monde n’est plus ou trop peu consommĂ©… Sans aucun doute, les gĂ©nĂ©rations qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ©s ont pu offrir une communication de masse, de sorte que tant de personnes sur notre planète ont entendu ou mĂŞme goĂ»tĂ© nos vins. Aujourd’hui, nos consommateurs ont changĂ©, y compris leurs goĂ»ts et leurs habitudes, les consommateurs ont certainement plus de volage face Ă  une offre trop diversifiĂ©e. Il va sans dire que Sauternes doit prĂ©server son identitĂ© et ĂŞtre apprĂ©ciĂ© pour ce qu’ils sont, pour leur richesse, leurs fruits et leur Ă©lĂ©gance. Mais l’image de notre prestigieux nectar je dois m’assurer que je suis vraiment saupoudrĂ© d’ĂŞtre au sommet de la table un jour. Nous ne devons en aucun cas garder toutes les proportions, nous priver de tous les efforts de certains opĂ©rateurs de notre appellation ! Glace, orange ou zeste de citron, cocktail divers et variĂ©e, nous ne devons pas nĂ©gliger quoi que ce soit dès le moment oĂą nous crĂ©ons et offrons des ponts piĂ©tons Ă  la consommation de nos produits originaux. Nous devons ĂŞtre opportunistes et travailler avec notre temps, nous devons innover, sĂ©duire et envier Il ne s’agit pas de nier nos origines, mais de nous rĂ©concilier avec nos jeunes et nos vieux consommateurs en leur offrant des surprises et de l’innovation, sinon nous risquons de nous exposer bientĂ´t Ă  l’indiffĂ©rence parfaite.

Quelle opportunité pour les nouveaux arrivants !

A Paris, nous Ă©tions une famille comme tout le monde, mais en vacances nous sommes entrĂ©s dans un monde diffĂ©rent. Les vacances avec mes grands-mères, Marie-Antoinette de Sigalas, Marquise de Lambert des Granges propriĂ©taire d’un premier cru classĂ© depuis 6 gĂ©nĂ©rations et Marguerite de Folin propriĂ©taire Ă  Pomerol depuis 25 gĂ©nĂ©rations. Cela ne signifiait rien pour nous juste parenthèses de bonheur. Ceux qui structurent notre personnalitĂ©. Dans Sales, nous parcourons la propriĂ©tĂ© du vignoble jusqu’au jardin de bambou, observons avec la loupe les araignĂ©es rouges inoffensives, Ă©merveillons devant les raisins qui « verre », nous extasient Ă  la poussĂ©e de bambou en remarquant chaque jour exactement le cm gagnĂ© dans un carnet de notes de vacances. A Sigalas, en robe smock, nous avons fait le respect pour les amis poudreux de la Semilante Marie-Antoinette. Un dĂ©licieux colĂ©optère en cristal ciselĂ© a Ă©tĂ© rĂ©citĂ© sur la table Ă  thĂ© remplie d’un liquide d’or. Pour leur jeu de poker, les grandes dames des châteaux voisins Ă©taient ravis de la boisson dorĂ©e, dans de petits verres bohèmes du XVIIIe siècle, tous accompagnĂ©s de quelques petits fours de Jaeger, le confiseur bordelais de l’Ă©poque, incontournable mais maintenant disparu. Loin de Bordeaux depuis longtemps, je suis revenu tard. J’ai aimĂ© retrouver cet art de la vie, ce raffinement, cette culture. HĂ©ritiers et entrepreneurs, avec mon mari nous avons dĂ©cidĂ© d’y investir et donc d’investir. Jaeger n’existe plus, les beaux verres sont dans une vitrine chez ma tante et les charmants voisins poudreux ont Ă©tĂ© remplacĂ©s par la nouvelle aristocratie : les entrepreneurs visionnaires. Ils aiment notre patrimoine culturel, la beautĂ© de nos paysages, la grandeur de nos vins. Ils ont embrassĂ© notre mode de vie, nous vivons avec eux. Quelle chance ! Forger de nouveaux liens, des idĂ©es sont Ă©changĂ©es, nous dĂ®nons dans certains, nous Ă©changeons whattsapp, nous rions, nous travaillons, nous avançons, nous interrogeons les uns les autres. Ensemble, nous allons relever les nouveaux dĂ©fis de notre nouveau millĂ©naire. Dans ma famille, la tradition de l’hospitalitĂ© est une valeur fondamentale. En retour, nous profitons des contributions de « ces nouveaux arrivants ». La confrontation de nouvelles idĂ©es, le dialogue bienveillant qui Ă©tablit des ponts entre les hommes, entre les gĂ©nĂ©rations. Un dialogue respectueux qui nous permet pour rĂ©pondre Ă  nos diffĂ©rents enjeux, aux nouvelles façons de cultiver la vigne, aux attentes de nouveaux marchĂ©s, Ă  la conquĂŞte des jeunes consommateurs, Ă  la transition vers les gĂ©nĂ©rations futures. Le flambeau de la tradition dans le sens Ă©tymologique du terme vĂ©hiculant, premier sens latin de tradere. TransfĂ©rer un patrimoine vivant, transmettre un art de vivre. Un art de vivre Notre temps. Ces vins de Sauternes modernes et dĂ©licieux ne seraient-ils pas dĂ©modĂ©s aujourd’hui dans leur jaune ? Une vieille dame poudreuse de 1970, arrivĂ©e Ă  notre siècle, porterait-elle la mĂŞme robe ? En conservant son Ă©lĂ©gance intemporelle, peut-elle unir une « touche » de fantaisie ? Notre nouvelle cuvĂ©e « 5 sans soufre ajoutĂ© » n’est-elle pas un vin innovant de son Ă©poque ? L’innovation dans les modes de consommation nuise-t-elle Ă  l’Ă©lixir ou compense-t-elle par de nouveaux dĂ©veloppements ? Un fantasme n’est en aucun cas un manque de respect pour nos grands vins ou pour les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes. Ces prĂ©cieux Anciens qui nous ont transmis ces valeurs d’excellence, la recherche de prĂ©cision, la rigueur nĂ©cessaire Ă  l’attention du dĂ©tail, tous ces outils nĂ©cessaires Ă  l’Ă©laboration de nos grands vins de Sauternes pour qu’ils passent Ă  travers le temps. Les temps changent, les gĂ©nĂ©rations se suivent, les modes de vie changent, mais les valeurs demeurent. Ne serait-ce pas la chose la plus importante ? Mes amis, mes enfants, mes parents, nos fidèles clients adorent nos vins dorĂ©s Ă  l’apĂ©ritif, sur le fromage, les Ă©pices ou le poulet incontournable du dimanche. Ces nouvelles approches n’excluent pas les modes de consommation plus traditionnels. Les modes de consommation plus traditionnels n’excluent pas ces nouvelles approches. Bordeaux a toujours Ă©tĂ© enrichi par les Ă©trangers, avec leurs technologies, leurs visions, leur travail ; les NĂ©erlandais au XVIIIe siècle avec leur concours nĂ©erlandais, les marchands anglais, allemand ou corrĂ©sien. N’est-ce pas une chance Pour nous ?

Prenez un verre en main, sur la terrasse adjacente Ă  la cave, admirez les vignobles du Château de Rayne Vigneau qui domine la vallĂ©e du Ciron depuis 1635 et amusez-vous. Regardez ce terroir immuable, puissant et intemporel. Observez les raisins chuchotant lentement au fil des saisons, patiemment, dans le respect du rythme de la nature, et recueillez le miracle de Sauternes : la pourriture noble. Par exemple, la prĂ©paration des vins de sauternes au Château de Rayne Vigneau, comme le font tous ses voisins. Profitez de boire ce vin, dĂ©couvrez l’excellence recherchĂ©e par le travail des hommes, des Ă©quipes du Château de Rayne Vigneau, et touchez l’infinie complexitĂ© qui existe dans nos vins. Laisse vous toucher par la dĂ©licatesse d’une Madame de Rayne Ă  l’apĂ©ritif, son Ă©lĂ©gance, sa finesse. Et il n’a pas d’importance si vous n’ĂŞtes pas habillĂ© correctement, il n’a pas d’importance si on ne le consomme pas comme il y a 30 ans ou mĂŞme il y a 60 ans, parce qu’en fin de compte un grand nombre de consommateurs de sauternes, qui aiment et boivent ce vin, n’Ă©taient pas nĂ©s il y a 60 ou mĂŞme 30 ans. Et ils le possèdent, ils inventent les moments de consommation et donnent vie Ă  ce vin lĂ©gendaire de Sauternes. Nous devons continuer Ă  nous unir, savoir comment nous rĂ©unir pour travailler encore mieux. Nous le faisons, aujourd’hui, rĂ©gulièrement, avec près de la moitiĂ© des 1er Grands Crus ClassĂ©s. Ainsi, de nouvelles dynamiques naissent, diffĂ©rentes, originales et efficaces. Nous devons regarder le travail de l’autre avec gentillesse et le respecter, faire de nos diffĂ©rences une force. Aller de l’avant, Ă©voluer, poursuivre sont des mots qui rĂ©sonnent aujourd’hui dans cette rĂ©gion de Sauternes. L’imagination des hommes, le dĂ©sir de partager, de dĂ©couvrir nos paysages, leur beautĂ©, ses moteurs extraordinaires de notre appellation, le cadre d’un vin unique au monde stimuler.

En bordure du Parc Naturel des Landes de Gascogne, bordĂ© par la Garonne et traversĂ© par le Ciron cristallin, c’est dans l’appellation Sauternes et Barsac que, pendant des siècles, les vignerons passionnĂ©s prennent tous les risques pour produire un vin unique. Si vous regardez vers l’Est, les CĂ´tes de Bordeaux se dressent comme un papier peint qui donne un panorama unique Ă  notre vignoble. En 1855, cette rĂ©gion Ă©tait proportionnellement la plus classĂ©e de l’ensemble du vignoble bordelais. Le château d’Yquem, icĂ´ne du monde illustre cette excellence et honore notre rĂ©gion. Notre famille cultit des vignes dans le Sauternais depuis 1794. Ce n’est qu’en 1924 que mon arrière-grand-père a pu acquĂ©rir un petit Cru ClassĂ© en travaillant dur dans des noms moins nobles : Château Doisy DaĂ«ne. Quatre gĂ©nĂ©rations se sont succĂ©dĂ©es depuis : Georges l’artiste, Pierre l’inventeur, Denis le chercheur et enfin ses fils (Fabrice et Jean Jacques) depuis 2004. Notre gĂ©nĂ©ration, animĂ©e par l’innovation et la passion depuis près de 15 ans, s’efforce d’atteindre le plus haut niveau de qualitĂ© de nos domaines familiaux. Les investissements d’une vie sont faits pour nous dĂ©passer continuellement, Ă  la fois en termes de goĂ»t du vin et de l’empreinte qui peut laisser notre activitĂ©. En plus de tous ces efforts, nous vivons dans nos domaines, qui, Ă  mon avis, sont les certifications environnementales les plus crĂ©dibles et certainement la plus belle preuve d’amour.

Depuis dix ans, nous assistons Ă  l’arrivĂ©e de nouveaux joueurs qui croient en notre rĂ©gion et j’admets que ces nouvelles ambitions m’ont encouragĂ© et rassurĂ©. Toutes les idĂ©es et les Ă©nergies conduites par le bon sens sont les bienvenues. Les changements se font rarement dans le silence, et de nouvelles idĂ©es sont souvent impliquĂ©es. Notre famille l’a expĂ©rimentĂ©e en produisant le premier vin blanc sec dans un cru de classe. C’Ă©tait en 1948, Ă  l’Ă©poque, son instigateur, Pierre Dubourdieu, notre grand-père a Ă©tĂ© fortement critiquĂ© mĂŞme par les plus hauts Ă©tages de la Classification. Cependant, croyait-il, la forte identitĂ© d’un vin qui provient exclusivement du cĂ©page Sauvignon sur le calcaire de Barsac. 70 ans plus tard, le Château Doisy DaĂ«ne « grand vin sec » est vendu en quelques heures Ă  un niveau de valorisation assez honorable. Nous avons pu maintenir la production de vin doux au plus haut niveau de qualitĂ© sans compromettre notre Ă©quilibre Ă©conomique. Par consĂ©quent, nous croyons que la vivacitĂ© des critiques de projet est gĂ©nĂ©ralement un bon indicateur du succès futur ! Avec cette culture d’innovation et d’ouverture, nous accueillons chaleureusement de nouveaux projets, car ils peuvent nous aider Ă  valoriser le travail des femmes et des hommes de notre nom qui travaillent tous les jours. Si les vins Sauternes et Barsac peuvent sortir de leur torpeur par les plus jeunes d’entre eux sur glace servir avec du zeste d’orange ou associĂ© Ă  des cocktails avec des spiritueux, pourquoi hĂ©siter ? pourquoi faire des rĂ©servations ? Comment va le sacrilège ? L’enthousiasme des plus grandes distilleries d’Ecosse ou des Antilles pour nos fĂ»ts usagĂ©s pour faire « Sauternes Finish » pour leurs marques premium n’est-il pas signe ? Cette association n’est-elle pas vertueuse ? L’alignement des planètes est en cours Ă  Sauternes et Barsac, de nombreux projets Ĺ“notouristes donnent de la valeur Ă  notre travail, d’autres sont Ă  l’heure et cette sĂ©rie d’Ă©nergies, de dĂ©sirs et de passions joue dĂ©jĂ  un rĂ´le majeur dans la rĂ©surgence de la rĂ©gion. Nos vins doux naissent d’une expĂ©rience, voire d’une forme de rĂ©silience : nous avons un champignon gĂ©anobled qui est un ennemi dans tous les vignobles du monde. Nous sommes des funambules viticoles qui se sont adaptĂ©s pour perpĂ©tuer sans relâche cette aventure dangereuse et passionnante. Sans aucun doute, comme cela a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© le cas dans notre histoire, nous devrons tout changer pour que tout se passe.

Maire de Sauternes depuis 25 ans PrĂ©sident de l’Association des Ambassadeurs de Sauternes responsable de la promotion de notre vin et de notre territoire non seulement sur place mais partout dans le monde en honorant des personnalitĂ©s jugĂ©es dignes de nous reprĂ©senter. arrière-petit-fils, petit-fils, fils et père de vignerons Je suis un ardent dĂ©fenseur de notre noble et dĂ©licieux produit qui n’est en aucun cas par une autre façon plus moderne de consommation, Ă  condition que, bien sĂ»r, je ne fais rien.

Il n’est pas rare de goĂ»ter Sauternes, Ă  condition qu’ils soient jeunes sur la glace, renforcĂ©s d’une peau d’agrumes qui rappelle la typicitĂ© de ce vin

N’est-ce pas une approximation pour amener les jeunes gĂ©nĂ©rations Ă  aimer ce vin et ensuite les laisser aller plus loin et goĂ»ter les Sauternes plus Ă©laborĂ©s et plus anciens Ă  l’Ă©tat naturel ? Mon expĂ©rience dans diffĂ©rents milieux et dans le monde m’a convaincu que les initiateurs de ce concept ne se trompent pas, la preuve, ils sont copiĂ©s par le plus grand.